- 29/10/2008. Confronté à la justice, le Préfet du Val-de-Marne revient sur sa décision d'interdire le passage de la Croisade sur son département... 3 mois aprè

 

Monsieur,

Après lecture attentive de votre courrier du 28 courant, je prends acte de votre décision de « procéder à l’annulation de (votre) décision contestée du 9 juillet 2008 ».
Malheureusement, le mal est fait et vous n’en proposez pas réparation. Notre petite association a subi de graves préjudices du fait de votre décision et il faudra que l’Etat apporte compensation.

Libre à vous de vous retrancher derrière l’avis, bien mal éclairé, de la Direction départementale de la Jeunesse et des sports, qui n’a aucune légitimité pour se prononcer sur un sujet sur lequel elle n’a pas la moindre idée.

Les propos de la DDJS rapportés par vous et sur lesquels vous avez fondé votre décision, sont émaillés d’erreurs factuelles et de remarques diffamantes et abusives qui révèlent l’inculture de l’administration française en matière de moyens naturels de santé.

Ces faux arguments soulèvent d’ailleurs des thèmes divers qui n’ont strictement rien à voir avec notre désir de traverser à pied le département du Val-de-Marne.

Je considère en outre que ces propos portent offense à l’intelligence des millions d’individus dans le monde qui pratiquent le jeûne et profitent de ses formidables bienfaits, et à l’intégrité professionnelle de tous les médecins, chercheurs et thérapeutes divers qui utilisent le jeûne dans leur pratique médicale, et dont un bon nombre soutient la Croisade pour la santé. Ils seront intéressés d’apprendre que vous ne les classez pas parmi les « professionnels de la santé », et que le projet qu’ils soutiennent « véhicule une image inacceptable en termes de promotion de la santé… », pour reprendre les mots de la DDJS.
Je vous rappelle que la personnalité préférée des français, Yannick Noah, pratique régulièrement le jeûne, comme il l’a affirmé à maintes reprises.

Nos responsables des sports en France semblent méconnaître que des entraîneurs font jeûner leurs athlètes pour les préparer à des compétitions d’endurance.

Vous parlez de « trouble à l’ordre public », de « préservation de la salubrité, de la tranquillité et de la sécurité publiques ». Mais sur la base de quels faits concrets vous permettez-vous de supposer que nous les mettons en danger ? Vous supputez, vous imaginez, vous prenez vos propres peurs pour des réalités. Un préfet ne peut se permettre de tels errements.
Pour qui nous prenez-vous donc ?! Pour des terroristes ?!!! Tout ceci est consternant.

Les propos de la DDJS font également offense au travail des services de la DGCCRF qui ont autorisé la mise sur le marché du complément alimentaire mentionné, vendu par notre association. Mais je ne vois pas ce que ceci a à voir avec notre souhait de randonner sur les routes du Val-de-Marne.

Visiblement, la DDJS, dans sa dérive obsessionnelle, ne sait pas à quelle bouée s’accrocher et s’est trouvée à court d’arguments...

Je pourrais enfin attaquer la DDJS en diffamation : je mets au défit quiconque de trouver dans notre site Internet la moindre mention d’une « manifestation » que nous aurions souhaité organiser « auprès des ministères de l’Education et de la Santé ». Nous avons bien rédigé un manifeste à signer, mais c’est faire un usage abusif de la langue française de penser qu’un manifeste donne nécessairement lieu à manifestation et que ses signataires sont des manifestants !
Nous avons simplement souhaité terminer la Croisade pour la santé en remettant aux deux ministères mentionnés une lettre listant des suggestions susceptibles de les aider dans leur travail de réforme.

La belle affaire ! Où voyez-vous une menace à l’ordre public ?

 

Par ailleurs, le contenu du Manifeste pour la santé ne « dépasse » en rien « l’objet initial » de la Croisade. Celle-ci cherche à faire la promotion de la santé par des moyens naturels et à libérer la santé du joug sous lequel la maintient depuis trop longtemps une arrière-garde de la corporation médicale aux idées archaïques ; ce sont bien les objectifs qui sous-tendent les divers points du Manifeste.

Monsieur le Préfet, vous et les fonctionnaires des services de la DDJS êtes victimes, comme des millions d’autres personnes, d’une hypnose collective, sournoisement mais très efficacement induite par le système médico-sanitaire actuel, vendu aux puissances de l’argent.

 

La Croisade pour la santé a été organisée pour réveiller les esprits endormis et donner des informations indépendantes en matière de santé, des informations qui aient pour seul but la santé publique et non pas le maintien des profits exorbitants des grands trusts de la pharmacie et de l’agro-alimentaire.

Votre réaction (et celle de la DDJS) montre à quel point notre action est utile et nécessaire. Elle nous encourage à continuer de communiquer pour faire passer notre message.

Concernant votre mention de « débats virulents et polémiques » autour de la Croisade, ceux-ci ne sont pas de notre fait. Nous sommes des pacifistes et transmettons simplement des informations sans agresser personne.

Force est de constater que notre action suscite parfois des réactions violentes. Nous les connaissons bien : elles sont le reflet des peurs, des clichés, préjugés et idées fausses qui limitent l’ouverture d’esprit et la capacité au bonheur et à la santé de la plupart des gens.

Monsieur le Préfet, les participants à la Croisade pour la santé n’ont pas besoin de vous pour « garantir (leur) sécurité ». Ce sont des hommes et des femmes adultes et responsables qui ont fait une démarche personnelle d’éducation à la santé, démarche que je vous encourage à faire vous-même, peut-être en vous procurant mon livre « Et si on s’arrêtait un peu de manger… de temps en temps », dont, soit dit en passant, la célèbre et très ancienne Revue du praticien - Médecine générale a fait une bonne critique. Peut-être ne considérez-vous pas non plus les médecins qui publient cette revue comme des « professionnels de la santé »…

Je vous encourage donc à vous contenter d’assurer le maintien de l’ordre public lorsque celui-ci est réellement menacé et non pas en anticipant d’imaginaires risques sur la base de présomptions qui ne reflètent que l’incompétence de l’administration en matière de santé.
Vous avez clairement outrepassé vos droits et enfreint le principe sacro-saint de la liberté de circuler à pied le long des routes de France (en mangeant ou non !).

Il est navrant que vous soyez poussé à modifier vos décisions en fonction de la pression médiatique ou judiciaire. Votre lettre vous accable. D’autant que, « sur le fond, (vous maintenez) la teneur de (votre) décision initiale ».
Je me vois donc dans l’obligation de maintenir également mon recours en contentieux administratif afin d’obtenir, d’une part, réparation du préjudice subi, et d’autre part, reconnaissance de l’erreur de fond qui a motivé votre décision.

 

C’est effectivement le fond qui intéresse le travail de l’association Nature & Partage, et non les écarts, excès verbaux et autres abus de pouvoir de l’administration que ce travail suscite.
Nous espérons par cette action en justice pouvoir vous faire toucher du doigt à quel point votre erreur de jugement vous met, ainsi que la DDJS, dans une situation aussi insoutenable que ridicule.

Dans l’attente de la décision du Tribunal administratif saisi de l’affaire, je vous prie d’agréer, Monsieur le Préfet, l’expression de mes salutations distinguées.

Bernard Clavière

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